mercredi 5 septembre 2007

Autopsie d'un grand corps malade....

J'ai bien envie cette après midi, d'écrire, de dire ce que je pense de la situation culturelle dans notre pays, de lui dresser un portrait , afin de mieux la voir en face.

Je vais essayer de parler de penser sans autocensure, sans langue de bois, mais ce qui m'importe le plus c'est d'essayer de voir, de trouver la source du mal, voir, les sources du mal, car en trouvant nos failles, nos faiblesses on est à moitié guéri. Il me reste donc à essayer de situer le mal.

Ca fait déjà quelques années que notre pays vit avec le constat suivant: salles de cinéma désertes, pire encore, salles de cinéma fermées, clubs de cinéma quasi inexistants, théâtres vides ou presque, théâtres fermés pour rénovations" rénovation qui dure quelque années avec le risque que ça engendre, à savoir, se faire oublier"(L’exemple du théâtre municipal de Sousse est un exemple parmi tant d’autres)

Avec ce constat amer, on voit la multiplication de boutiques qui vendent des copies de DVD et de DIVX piratés, un engouement pour les chaînes satellitaires qui proposent les derniers films sortis dans les salles de l'hexagone et d'ailleurs. Je me pose les questions suivantes:

Faut il se réjouir d'un tel intérêt que porte nos concitoyens à la création?
Quels seront les effets sur notre tissu culturel ? À défaut d’avoir une « industrie culturelle »
Quels seront les effets sur le citoyen consommateur de libre culture ?

Il n’est nullement l’intention dans mes écrits de vouloir trouver une réponse à tout, et je ne prétends pas trouver les bonnes réponses, ni les remèdes appropriés à ce mal.

LA LIBRE CULTURE

« La libre culture», (je désigne par la libre culture, la culture qui se vend dans tous les coins de rue,"un peu à l'image des produits qu'on achète en libre service dans les hypermarchés" à des prix défiant toute logique. Une libre culture, car elle est fournie en KIT, à l’image des meubles IKEA), à nous de regrouper les éléments si on a la chance d’avoir les outils qu’il faut, dommage les outils ne sont pas fournis avecle KIT.

Actuellement la libre culture est la culture la plus consommée dans notre pays grâce aux boutiques de DVD piratés ainsi qu’aux boutiques qui vous fournissent les codes d’accès aux chaînes cryptées, chaînes qui vous donnent accès à toutes les dernières créations cinématographiques Européennes et Américaines.

On assiste à une « démocratisation » de la culture, c’était le rêve communiste, le voila repris malgré lui par des diplômés de l’enseignement supérieur qui à défaut de trouver un emploi stable se tournent vers cette activité assez lucrative il faut le souligner, comme quoi la libre culture se porte bien.

Quels sont les dangers qui peuvent apparaître suite à l’instauration de la libre culture ?

Une chose essentielle et qui me parait primordiale, c’est de dire que nos con-citoyensConsomment le produit« culture »,sans trop se soucier du droit d’auteur, du
droit qu’a l’auteur de l’œuvre sur son œuvre, jamais dans notre pays le droit des artistes n’a été autant bafoué et ceci malgré la ratification de notre pays de la totalité des conventions protégeant les auteurs.

C’est un problème plus général qui me parait suite à cette analyse, la question du droit, le droit d’auteur n’est qu’une partie visible de l’iceberg.

Voila pour moi un danger réside dans le sentiment d’impunité, car théoriquement on risque la répression si on commet une infraction, infraction commise par le vendeur de copies piratées et infraction commise par le consommateur de produits ne présentant pas un certificat d’authenticité.

Je vais essayer de passer ce point il me parait assez long à développer, concentrons nous sur notre culture libre.

Un autre mal est apparue, c’est l’exode des salles de cinéma et de culture par la masse, on ne sort plus pour voir tel ou tel film, ou tel ou tel pièce de théâtre, on attend sagement devant son écran la copie du film en question ou de la pièce théâtrale, on est bien au chaud chez soi, on consomme du film comme on consomme n’importe quel aliment, sans trop se poser de questions, on consomme et on affiche sa satisfaction d’avoir vu un nombre important de films.

Alors quelles conséquences sur la construction mentale de nos con-citoyens peut engendrer ce genre de comportements ?

Le danger le plus imminent et à mon sens le manque de partage, d’échange, de polémique, voila qui est pour moi le vrai danger de la pratique de la libre culture, on crée des consommateurs de culture de masse qui ne développent le moindre sens critique, des consommateurs en force prêts à être déroutés, malmenés dans cette culture mondialisée, dans ce flot d’images, car le cinéma est avant tout de l’image.
On donne au consommateur un flot d’images, par le biais des films, sans que notre con-citoyen puisse avoir les outils pour analyser et comprendre la force des images, on s’habitue à la consommation d’images, images qui deviennent vite consumées.

Voila ce qui dérange c’est qu’en regardant un film en solitaire, on se prive de la possibilité de polémiquer, d’argumenter, d’échanger, et de développer notre sens critique.

Voila je l’ai lâché, le sens critique qui malheureusement a déserté nos cerveaux, nous fait défaut. Constat triste mais hélas véridique, à voir notre classe moyenne et la classe dite « mouthakaffa », les classes ou l’islamisation aliénante a fait le plus de dégâts, c’est à se demander pourquoi ?

La classe moyenne et la classe des gens ayant suivi des études supérieures sont les classes qui sont les plus demandeurs de culture, on les voyait souvent dans les salles de cinéma, salles de concerts, théâtres, faute de produit culturel de qualité ils se sont réfugiés dans la « libre culture », Cette même classe remplit aujourd’hui nos mosquées et regarde inlassablement les chaînes d’information du moyen orient ainsi que ses chaînes religieuses.

Voila je crois que notre pays n’a pas su anticiper le malaise qu’a connu notre tissu culturel vers les années 1990, on a juste accompagné financièrement le tissu culturel sans véritable réflexion sur le rôle de la culture dans une société qui aspire au développement,à mon sens le développement n’est pas qu’économique, il est tout d’abord Humain.

L’épanouissement intellectuel est un préalable au développement économique et social, faute de l’avoir accompli, il nous reste à prier pour notre salut, alors Messieurs les barbus priez pour nous et priez pour votre salut, moi je n’ai pas le temps.

Quand j’étais tout jeune je voyais écrit sur une banderole, « lors du festival du théâtre pour la jeunesse de ma ville » Donnez moi un théâtre, je vous donnerais un grand peuple, citation dont j’ai oublié l’auteur, je crois que c’est un philosophe grec, mais je ne sais plus lequel, bref j’espère que rien n’est encore joué, qu’on aura des théâtres et des cinémas pour qu’on devienne un grand peuple.Un peuple qui pense, un peuple qui veut savoir ou il veut aller, un peuple qui prend sa déstinée entre ses mains.

je ne sais pas si j'étais trés cohérant dans ce post, je l'ai écrit suivant mon instinct, sans trop le planifier, c'est un article qui vient de nâitre,et qui poursuivra son évolution au gré de vos remarques.
Veuillez aussi éxcuser certaines positions qui vous paraissent hâtives, j'écris sous le coup de l'émotion et de la colère, oui je suis en rage contre la banalisation de l'image, oui je hais ALJAZERA" ainsi que toutes les chaines d'information en continue",oui je suis pour qu'on retourne à l'écrit, tant qu'on n'a pas la lucidité d'analyser l'image, laissons là de coté, et emparons nous des livres,"i9ra bismi rabeka",alors à vos livres et éteignez moi ces téléviseurs afin qu'on puisse mieux voir clair.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

juste après la lecture de ton article qui décrit si bien la misère culturelle dont souffe notre pays et notre peuple, je suis tombée par hasard sur une enquête faite dans "le monde" intitulée "Les magasins jouent les galeries d'art" qui décrit comment "La dernière façon branchée de se cultiver n'est plus d'aller au musée, mais de faire les boutiques.Après Louis Vuitton sur les Champs-Elysées, doté d'un espace d'art au septième étage, c'est au tour des Galeries Lafayette de mêler nourritures pour le corps et l'esprit."
J'ai beaucoup aimé l'idée: "Grâce à nous, l'art moderne, relativement snob et cantonné à des clubs privés, descend dans la rue, dans les magasins, et l'on vit avec".
Tout ceci m'a rappelé comment l'art et la culture faisait partie du quotidien Parisien... eh oui!! c'est le mal dont souffre notre Selim et nous tous..
Mais, en y repensant,..
en repensant à ton article, je me demandais si ce genre de "désacrélisation de l'art" n'est pas aussi une forme de culture libre?? Est ce que le fait que ça soit accessible à tout le monde la banalise? est ce que le fait de voir les choses dans notre quotidien sans payer, sans faire d'effort nous rend de simples consommateurs?? ou ça nous cultive meme inconsciemment?

selim a dit…

@ bint tbib
Tout à fait d'accord sur ton analyse, en europe art et consommation font bon ménage,"reste à définir quel type d'art et quel type de circuit d'art" Louis Vuiton, Armani, et tant d'autres marques s'emparent de la création à des fins mercantiles, on risque la banalisation de l'art, le constat d'Yves Michaud défendu dans son essai paru en 2003 "l'art à l'état gazeux" confirme bien cette thèse à savoir la banalisation de l'art, l'art devient à l'état d'éther,c 'est le risque d'avoir une culture libre, une culture de masse, une culture-marchandise.
Sinon je reste persuadé qu'on restera toujours des consommateurs d'art passifs tant qu'on visionne des films piratés en solitaire, pour moi le cinéma fourni tout d'abord un lieu de visionnage des films dans une echelle préétablie'un film n'est pas conçu pour être vue dans un format de 19 pouces ou autre.
Autre chose,le cinema c'est un lieu de "relationnement", on peut polémiquer parler avec son voisin ,on peut même débatre avec les acteurs ou le cinéaste.
On peut a la fin du film applaudir, siffler, ou huer s'il le faut, c'est ces réactions qui nous font défaut quand on regarde un film en solo, pour moi les lieux de culture sont des lieux d'échange, des lieux de polémiques, des lieux d'argumentation, des lieux de reflexion.
En désertant ces lieux, en les fermant on est dirigé vers la libre culture, donc lachés dans la jungle de la culture mondialisé, et laché face au pouvoir de l'image, et là c'est notre drame.

Anonyme a dit…

je n'ai pas fait attention à ton article lors de sa parution méa culpa pour cette étourderie, je pense que tu es passé par mon post intitulé:منـــمة عتارس
Nos deux reflexions se rejoignent moi j'ai préféré la traiter sous l'angle de la caricature et de la dérision, parceque le constat est là et l'on se sent désarmé et ecoeuré de l'état de délabrement de l'infrastructure culturelle d'une part et de l'azsphyxie de la création libre ou bien plus simplement de son instrumentalisation.